J’ai longtemps été en quête de sens. C’est elle qui m’a menée jusqu’à l’hypnose. Une reconversion aux allures de destin. Au départ, c’était juste un rêve, un appel des profondeurs, une idée un peu folle. Le voyage semblait prometteur. Je ne me doutais pas encore, à quel point il serait révélateur.
C’est dans les méandres de mon labyrinthe intérieur que j’ai découvert mes failles, mes blessures et toutes ces émotions réprimées, enterrées. C’est aussi depuis cet espace feutré, protégé que la vérité a lentement émergé. Celle qui petit à petit me glisse les réponses, m’invite au dialogue et à la rencontre avec cette inconnue des profondeurs. Cette inconnue qui parfois pleure, s’ennuie, regrette, étouffe, rugit ou s’impatiente. Cette passagère clandestine qui me hurlait son malaise et que je ne voulais pas entendre.
Non, moi j’étais trop occupée à explorer l’extérieur, à rendre responsable, les uns et les autres, de mes difficultés.
Il m’a fallu du temps pour me rendre compte que le point commun à tous ces événements… c’était moi !
Cette première prise de conscience fut douloureuse et bouleversante.
Comment était-ce possible ? Ça ne pouvait pas être vrai.
Comment pouvais-je avoir causé ma propre ruine, mon propre chaos ?
J’avais si souvent pointé du doigt les responsables. Parce que dans ma réalité, j’avais vraiment subi leurs attaques, leurs mensonges, leur arrogance, leur égoïsme. Je possédais toutes les preuves de ce qu’ils m’avaient fait. Ma mémoire avait tout enregistré !
Et pourtant, il n’y avait pas d’erreur, dans tous ces scénarios qui se répétaient et finalement se ressemblaient, j’étais l’actrice principale, le fameux point commun.
Se pouvait-il donc que j’ai, réellement, quelque chose à voir avec tout ça ?
Etais-je le catalyseur, voire pire, le déclencheur de toutes ces sinistres expériences ?
Il m’a fallu encore plus de temps pour accepter l’évidence, ravaler ma fierté et faire mienne l’implacable réalité.
Il est vrai que depuis la fin de mes études, je sentais que quelque chose n’allait pas. Je n’étais pas vraiment heureuse malgré les promesses. J’avais un très bon salaire, un amoureux, une belle famille, un lieu de vie sympa et pourtant il me manquait toujours quelque chose.
J’ai tout d’abord mis le problème de côté.
Ça allait passer. C’était l’entrée dans la vie d’adulte. Le changement. Il me fallait juste un peu de temps pour m’adapter.
Mais plus le temps passait justement et plus je m’accrochais au rêve qu’on m’avait vendu et qu’il faut bien reconnaître, j’avais acheté. Et ça empirait.
Pour mes parents j’avais réussi. Moi je ne m’y retrouvais pas.
Je n’arrivais pas à être la « working girl » du rêve car j’avais des enfants. Je n’arrivais pas non plus à être la bonne mère car je travaillais trop.
J’étais coupée en deux, insatisfaite partout. Je me sentais nulle, j’avais l’impression de me plaindre tout le temps et je me détestais pour ça. J’ai fini par me dire que la solution devait être sûrement, de choisir. De ne faire qu’une chose à la fois.
Parce qu’on ne peut pas tout avoir, n’est-ce pas ?
Aussi l’arrivée du petit troisième fut l’occasion de prolonger l’expérience de la maternité en congé parental.
Ça allait tout régler évidemment ! Et je reconnais que ça m’a apaisée… un temps !
De déconvenues personnelles en tristes expériences professionnelles, le chemin s’est finalement éclairé de l’intérieur.
Je crois que le vrai déclic est venu quand mon corps m’a fait comprendre que la vie comme ça, ça n’était plus possible.
J’étais en route pour mon deuxième jour de travail dans cette nouvelle entreprise. J’avais passé les entretiens facilement, le poste semblait prometteur. Tous les feux étaient au vert et pourtant…
La veille déjà, j’avais peu dormi, angoissée à l’idée d’y retourner. Et malgré tout, « parce qu’il faut… », « parce que je dois… », je m’étais mise en route, ce matin-là, le ventre noué. Je l’avais évidemment remarqué sans y prêter plus d’attention. Ce n’était pas la première fois, et j’avais bien appris qu’il ne fallait pas trop s’écouter.
Mais là, en traversant les bourgs et les villages, l’angoisse prenait de plus en plus de place. Elle m’étouffait. Cela me paraissait fou.
Ce jour-là, au volant de ma voiture, la nausée, le dégoût et les larmes m’ont arrêtée.
Je me sentais prise au piège de cette vie que je croyais avoir choisie. Je ne comprenais pas ce qui se passait. C’était tellement inattendu, tellement violent. A l’évidence, je n’y arriverais pas.
Malgré la peur et l’irrationnel de la situation, j’ai démissionné en arrivant.
Sentir son corps qui ne répond plus, qui mène sa propre vie, c’est carrément flippant. Et pourtant je sais maintenant qu’il m’a sauvée. J’étais en train de me noyer. Dans cette vie qui ne me ressemblait plus. Il m’a ramené à l’essentiel.
A la voix.
Avec le recul ça me paraît tellement évident maintenant. Je n’avais pas écouté, peut-être même pas entendu, cette petite voix intérieure, celle de mon rêve, de mes aspirations profondes. J’avais tout éteint pour « avancer » comme on dit.
Mais finalement pour aller où ? Pour quoi faire ?
Comment voulais-je vivre ma vie ?
Qu’est-ce qui m’animait ? Qu’est-ce que j’aimais ?
Je ne le savais même pas. Je ne me connaissais pas. Je vivais, depuis toujours, avec une inconnue. J’avais suivi les rêves des autres, croyant me rapprocher d’eux sans doute. Je m’étais perdue.
Comme je le sais depuis, la vie est merveilleuse et bienveillante. Elle a mis (et met encore) sur mon chemin tout un tas de magnifiques idées, personnes et ressources qui m’aident à apprivoiser l’inconnue des profondeurs, à reconnaître sa voix, à la découvrir et à l’apprécier chaque jour d’avantage.
Parfois on me dit en consultation : « mais alors on n’en finit jamais (de se découvrir) ! » C’est vrai. C’est le travail d’une vie, mais quel travail et surtout quelle vie !
Plus j’écoute sa voix, plus je lui fais de la place et plus la magie opère. Je comprends qu’il n’y a rien à faire, juste… à laisser faire. Accompagner le mouvement, ne pas résister aux changements, aimer ce qui est. Arrêter enfin la guerre avec l’extérieur, se ramener à l’intérieur.
Gagner en authenticité, permettre à ma propre vérité d’émerger, telle est la route que je me suis tracée depuis. Paix et sérénité sont mes bâtons de pèlerin.
Parce qu’on ne peut guider l’autre que sur les chemins que l’on a soi-même explorés, c’est ce voyage intérieur que j’aime tant accompagner.
Permettre à tout un chacun d’aller à la rencontre de cette belle inconnue, d’entendre sa voix avant d’emprunter sa voie, de la laisser respirer pour mieux nous inspirer. Accueillir les larmes puis les sourires. Etre le témoin de ces vérités nouvelles. Et se sentir tellement vivant à chaque instant.
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