« il faut travailler dur pour réussir », « l’argent ne fait pas le bonheur », « on ne peut pas tout avoir dans la vie », « on ne peut compter sur personne » ou encore « l’école ne sert à rien ». Toutes ces affirmations sont ce qu’on appelle des croyances.
Loin d’être de simples pensées passagères, ces idées façonnent notre perception du monde et influencent nos choix, nos émotions, et même nos interactions avec autrui. Souvent inconscientes, elles se construisent au fil des expériences de vie, notamment durant l’enfance, et peuvent devenir des guides ou des obstacles dans notre parcours. Comprendre la manière dont ces croyances s’installent et évoluent est essentiel pour reconnaître leur impact sur notre vie quotidienne.
Cet article explore la formation des croyances, leur influence sur nos comportements et nos décisions, ainsi que les méthodes pour les transformer et ainsi ouvrir la voie à de nouvelles possibilités.
La Formation des Croyances
Le système de croyances, souvent inconscient, est l’ensemble des convictions, des idées et des valeurs que nous adoptons au fil de notre vie. Il se construit à partir de nos expériences personnelles, de l’éducation que nous recevons, de l’influence de notre entourage et de la société en général.
La plupart de nos croyances et notamment les plus structurantes, se forgent dès le plus jeune âge (entre 0 et 7 ans). Avant même que l’enfant soit capable de remettre en question ce qu’il perçoit, il adopte spontanément les idées et valeurs des personnes qui l’entourent.
Par exemple, un enfant voyant ses parents travailler dur pourra associer la réussite à l’effort acharné, une croyance qui façonnera ses décisions futures.
Ces croyances évoluent également à travers les rencontres, la culture, et les influences politiques ou sociales. Elles se forgent par l’adoption ou le rejet de modèles préexistants, et sont souvent irrationnelles, ne reflétant pas une réalité absolue mais bien notre perception personnelle du monde.
De nombreuses croyances sont aussi façonnées par la répétition de proverbes populaires ou d’expressions traditionnelles telles que : « On n’a que ce qu’on mérite », « Personne n’est irremplaçable », ou encore « Ne pleure pas si tu es un homme ».
Les Différentes Formes de Croyances
Croyances neutres
Ces croyances se limitent à des observations factuelles sans influence significative sur nos comportements ou émotions. Elles peuvent être considérées comme des pensées passagères qui ne conditionnent pas notre vie.
« Le café est une boisson courante » ou « La météo varie souvent »
Croyances limitantes
Ces croyances nous empêchent d’avancer et nous enferment dans des schémas de pensée négatifs.
Elles se manifestent souvent par des pensées telles que « je ne suis pas capable » ou « je suis trop vieux pour changer » ou encore « les autres sont meilleurs que moi ».
Elles deviennent des interdictions que nous nous imposons, fermant ainsi la porte à de nouvelles possibilités.
Croyances ressources
En revanche, les croyances ressources nous motivent à avancer. Elles nous encouragent à nous investir, à progresser pas à pas, et à croire en nos capacités.
Ces croyances sont des autorisations que nous nous donnons pour réussir et évoluer.
Comme par exemples « Chaque échec est une occasion d’apprendre » ou « Il n’y a pas d’âge pour changer ».
Cas particulier : les Croyances auto-réalisatrices
Une notion importante à considérer est celle des croyances auto-réalisatrices. Lorsque les comportements des personnes sont modifiés par une croyance, il peut parfois s’ensuivre l’accomplissement de ce que prédisait la croyance. C’est ce qu’on appelle aussi une prophétie auto-réalisatrice.
Exemple : si un médecin annonce à un patient qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre, cette affirmation peut profondément affecter l’état d’esprit du patient.
Convaincu qu’il est condamné, il pourrait perdre toute motivation pour suivre un traitement ou adopter un mode de vie sain.
Même si des options thérapeutiques efficaces sont disponibles, cette croyance peut entraver son engagement envers sa guérison, démontrant ainsi comment les affirmations extérieures peuvent devenir des prophéties auto-réalisatrices.
Le Rôle des Croyances
Nos croyances vont au-delà de simples perceptions. Elles définissent souvent ce qui est bien ou mal, correct ou incorrect. Nous les adoptons principalement pour nous protéger, éviter la souffrance, et trouver une forme de sécurité émotionnelle.
En d’autres termes, nous choisissons d’y croire pour donner un sens à notre monde et nous sentir en contrôle.
Derrière chaque croyance se cache souvent une peur ou une émotion refoulée, liée à un besoin insatisfait. Elles représentent l’écart entre ce que nous désirons profondément et ce que nous vivons réellement.
Un exemple courant est celui des croyances sur l’argent : certaines personnes croient fermement qu’elles doivent accumuler des richesses pour se sentir en sécurité.
Cette peur peut remonter à une enfance marquée par des difficultés financières, où l’enfant observait ses parents angoissés par le manque d’argent.
En grandissant, cette croyance persiste, poussant la personne à éviter les risques financiers ou à épargner de manière excessive pour ne pas revivre cette insécurité.
L'Impact des Croyances sur Nos Vies
Le système de croyances, profondément enraciné en chacun de nous, a un impact majeur sur tous les aspects de notre vie. Il agit comme un filtre à travers lequel nous percevons et interprétons le monde, influençant ainsi nos comportements, nos choix et nos émotions.
Choix et Comportements
Nos croyances orientent directement nos décisions et nos actions.
Si nous croyons que nous ne sommes pas capables de réussir un projet, nous risquons de ne même pas essayer, nous auto-limitant.
À l’inverse, croire en notre capacité à réussir nous pousse à prendre des risques et à saisir des opportunités.
Perception de Soi et des Autres
Nos croyances influencent notre perception de nous-mêmes et des autres.
Par exemple, si une personne pense qu’elle n’est pas digne d’amour, cela se manifestera dans ses relations.
Elle pourra avoir tendance à s’éloigner des autres, à douter des sentiments qu’on lui porte ou à accepter des relations toxiques, persuadée qu’elle ne mérite pas mieux.
De même, la façon dont nous nous comportons avec les autres dépend aussi de nos croyances.
Si nous pensons que le monde est hostile, nous pourrions devenir méfiants et éviter d’entrer en relation.
En revanche, croire en la bienveillance humaine nous incite à être ouverts et confiants.
Santé mentale et physique
De nombreuses études montrent l’impact des croyances sur la santé.
Une personne convaincue que la vie est pleine d’épreuves insurmontables peut développer des niveaux de stress élevés, entraînant des troubles de l’anxiété ou de la dépression.
Inversement, croire en la capacité de son corps à guérir ou en sa force intérieure peut favoriser un état de bien-être physique et mental, accélérant même les processus de guérison.
Création d’une réalité subjective
Nos croyances façonnent la réalité que nous vivons. Si nous croyons que nous sommes impuissants face aux événements, nous adopterons une attitude passive, renforçant ainsi cette perception de manque de contrôle.
En revanche, si nous croyons que nous avons un pouvoir sur notre destin, nous serons plus enclins à prendre des décisions actives, influençant directement notre environnement.
Les Croyances et la Résistance au Changement
Entre Désir et Peur
Le changement est un concept paradoxal. D’un côté, nous aspirons à grandir, évoluer, découvrir de nouvelles voies. De l’autre, nous le redoutons, car il menace de perturber l’équilibre intérieur que nous avons soigneusement bâti.
Nos croyances, qui façonnent notre vision du monde, jouent un rôle central dans notre résistance au changement. Même si nous aspirons sincèrement à évoluer, ces croyances peuvent agir comme des freins puissants. Les remettre en question est souvent ressenti comme une menace pour notre identité.
Prenons l’exemple d’une personne qui souhaite changer de carrière.
Bien qu’elle soit attirée par de nouvelles opportunités, la peur de perdre la stabilité de son emploi actuel la freine.
Le changement est souhaitable, mais elle le considère comme une menace pour son équilibre financier et personnel.
En conséquence, elle choisit de rester dans sa zone de confort, empêchée de démissionner par ses croyances sur la sécurité et sa peur de l’inconnu.
La Dissonance Cognitive
La dissonance cognitive est un concept psychologique introduit par Leon Festinger en 1957.
Selon lui, la dissonance cognitive se produit lorsqu’il y a une incohérence entre nos croyances, nos valeurs et nos comportements, entraînant une tension psychologique désagréable.
Cette tension nous pousse à chercher à rétablir l’harmonie en modifiant l’une des trois composantes : nos croyances, nos comportements ou notre perception de l’un et de l’autre.
Phase 1 - L'Incohérence
La dissonance cognitive survient lorsque nous détenons des croyances ou des attitudes contradictoires.
Exemple : un fumeur qui sait que fumer est mauvais pour sa santé mais qui continue à fumer ressentira une dissonance (tension interne).
Phase 2 - Besoin de réduire la dissonance par :
- Modification de la croyance : Le fumeur peut minimiser les dangers du tabac.
- Recherche d’informations justificatives : Il peut se concentrer sur des études qui minorent les effets néfastes du tabac ou affirmer que fumer de manière modérée n’est pas problématique.
- Justifications : Il trouve des excuses, comme « fumer m’aide à gérer mon stress ».
- Évitement : Il évite les discussions sur les dangers du tabagisme pour ne pas être confrontée à sa propre incohérence.
La Biologie du Cerveau : Un Renforcement Inconscient des Croyances
Notre cerveau soutient cette résistance au changement.
Biologiquement, il nous récompense par des sensations agréables lorsque nos croyances sont confirmées, grâce à la libération de dopamine, l’hormone du plaisir.
À l’inverse, lorsque nos croyances sont remises en cause, cela génère du stress, renforçant ainsi notre instinct de défense plutôt que d’ouverture.
Exemple
Un étudiant qui obtient une bonne note à un examen éprouve un grand sentiment de fierté, ce qui renforce sa conviction qu’il est compétent dans cette matière.
En revanche, si un enseignant critique son travail ou souligne des erreurs, il peut ressentir de l’anxiété, le poussant à justifier ses choix, même si les critiques sont justifiées.
5 Outils Puissants pour Transformer les Croyances
Même si changer peut sembler difficile, cela reste à portée de main !
Prendre conscience des dynamiques en jeu
En réalisant à quel point nos croyances influencent nos émotions et nos choix, on aspire naturellement à les modifier. Après tout, ce ne sont que des histoires que l’on se raconte. Si elles ne nous font plus rêver, charge à nous d’en choisir de nouvelles !
Modifier nos croyances ne signifie pas renier qui nous sommes
Au contraire, cela nous permet de vivre de manière plus authentique. Changer de croyances c’est changer de vie ! C’est comme de porter des lunettes roses plutôt que des grises: tout devient tout de suite plus coloré !
Aussi quand on est prêt pour la métamorphose, plusieurs outils s’offrent à nous pour nous aider. En voici quelques uns parmi les plus efficaces :
La Programmation Neuro-Linguistique (PNL)
La PNL est une approche psychologique qui explore la relation entre le langage, le comportement et les schémas mentaux. Développée dans les années 1970 par Richard Bandler et John Grinder, la PNL repose sur l’idée que nos pensées, nos émotions et nos comportements sont interconnectés et que nous pouvons les modifier pour améliorer notre qualité de vie.
Elle permet notamment d’identifier et de changer les croyances limitantes en se concentrant sur la manière dont nous nous représentons le monde. En agissant sur nos représentations internes (images, sons, ressentis), la PNL nous aide à reprogrammer notre esprit, remplaçant ainsi nos croyances limitantes par des croyances plus positives et constructives.
Le "Travail" de Byron Katie
Cette méthode simple mais puissante consiste à questionner nos croyances à travers une série de quatre questions clés :
- Est-ce que cette pensée est vraie ?
- Puis-je être absolument sûr que c’est vrai ?
- Comment je réagis quand je crois cette pensée ?
- Qui serais-je sans cette pensée ?
Après avoir répondu à ces questions, une étape clé est le retournement de la croyance, en cherchant à inverser la pensée initiale pour la voir sous un autre angle.
Par exemple, si une personne pense « Mon chef ne me respecte pas », le retournement pourrait devenir « Je ne me respecte pas » et/ou « Je ne respecte pas mon chef ».
La Communication Non Violente (CNV)
La CNV, développée par Marshall Rosenberg, est une méthode qui permet de mieux comprendre nos émotions et nos besoins sous-jacents.
Elle est particulièrement indiquée pour modifier notre communication et nos relations avec les autres.
En identifiant ce que nous ressentons et en exprimant nos besoins de manière claire et bienveillante, nous pouvons désamorcer les pensées limitantes qui naissent de nos jugements sur nous-mêmes ou les autres.
Par exemple, au lieu de penser « Personne ne m’écoute », avec la CNV nous pourrions dire « Quand je parle et que je ne reçois pas de retour, je me sens frustré(e) parce que j’ai besoin de me sentir entendu(e). J’aimerais que vous puissiez me donner un retour sur ce que je viens de dire. »
Cela permet d’exprimer notre besoin de reconnaissance tout en formulant une demande constructive.
La Méditation et la Pleine Conscience
La pratique de la méditation aide à observer nos pensées sans y réagir automatiquement.
En cultivant la pleine conscience, nous développons une capacité à prendre du recul par rapport à nos croyances et à les voir pour ce qu’elles sont : des pensées transitoires, et non des vérités absolues.
Cela nous permet de faire des choix plus conscients et de ne plus être prisonniers de nos schémas mentaux habituels.
L’Hypnose Humaniste
Cette méthode est un outil efficace pour examiner en profondeur nos croyances limitantes en révélant l’émotion qui les sous-tend.
En libérant l’émotion, la croyance perd son ancrage, et son influence sur nous s’évanouit.
Conclusion
En prenant conscience de l’impact que nos croyances ont sur nos vies, nous découvrons un immense potentiel de changement. Chaque croyance, qu’elle soit un frein ou un moteur, influence la manière dont nous percevons et vivons notre réalité. La bonne nouvelle, c’est que ces croyances ne sont pas figées : nous avons la capacité de les modifier.
Ce processus de transformation n’est pas simplement un ajustement de pensées, mais une véritable invitation à redéfinir notre vie. En modifiant nos croyances limitantes, nous ouvrons la voie à une réalité plus en phase avec nos aspirations profondes. Cela nous permet d’accueillir de nouvelles perspectives, d’agir différemment, et de créer des opportunités qui correspondent à nos envies et objectifs.
Bref, en révisant nos croyances, nous redessinons la trajectoire de notre existence, vers plus de liberté et d’épanouissement.
« Le meilleur moyen de rendre les rêves possibles est de se réveiller. »
Paul Valery
Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager 😉