Votre mère est morte.
Ou votre père.
Et vous êtes là, debout, en train de gérer. Les papiers. L’enterrement. Votre autre parent qui s’effondre. Vos frères et sœurs qui ont besoin de vous.
Vous fonctionnez. Vous faites ce qu’il faut faire. Vous êtes forte.
Tout le monde vous le dit d’ailleurs : « Tu es tellement forte. Je ne sais pas comment tu fais. »
Vous non plus, vous ne savez pas comment vous faites.
Vous êtes juste en mode survie. Un pied devant l’autre. Tenir. Ne pas craquer. Pas maintenant. Pas devant tout le monde.
Plus tard, peut-être. Quand tout sera fini.
Sauf que « plus tard » n’arrive jamais.
Parce qu’après l’enterrement, il y a la succession. Après la succession, il y a la maison à vider. Après la maison, il y a la vie qui reprend. Le travail. Les enfants. Le quotidien.
Et vous, vous continuez. Vous tenez le coup. Vous allez « bien ».
Jusqu’à ce jour, deux ans plus tard, où vous vous effondrez sous la douche sans comprendre pourquoi.
Où vous faites une crise d’angoisse en plein supermarché.
Où vous réalisez que vous êtes devenue quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’anxieux. De fragile. De perdu.
Et vous ne comprenez pas ce qui vous arrive.
Parce que personne ne vous a dit que perdre un parent, ce n’est pas juste perdre quelqu’un.
C’est perdre vos repères. Votre pilier. Une partie de vous-même.
Et que si vous n’avez jamais vraiment traversé ce deuil, il continue de vous pourrir la vie. En silence. Pendant des années.
Ce qui se brise vraiment quand vous perdez votre parent
Vous pensiez que vous étiez préparée.
Votre mère était malade depuis des mois. Ou votre père était âgé. Vous saviez que ça arriverait. Vous vous y attendiez. C’était dans « l’ordre des choses ».
Et pourtant, quand c’est arrivé, vous avez été dévastée.
Parce que perdre un parent, ce n’est pas juste perdre une personne.
C’est perdre celle qui vous a portée. Celle qui connaît toute votre histoire. Celle qui vous a vue naître, grandir, devenir celle que vous êtes.
Avec elle disparaît une partie de votre enfance. De vos souvenirs. De votre histoire familiale.
Elle emporte avec elle cette façon qu’elle avait de prononcer votre prénom. Ce regard qu’elle posait sur vous. Ces petites phrases qu’elle répétait et qui vous agaçaient et qui vous manquent tellement maintenant.
Vous ne pouvez plus être « la fille de ».
Vous devenez, d’un coup, l’adulte. Celle de la génération au-dessus. Celle qui n’a plus personne devant elle pour amortir la mort.
Vous regardez votre autre parent et vous réalisez : « Un jour, ce sera lui aussi. Et je serai orpheline. »
Cette pensée vous glace. Vous la repoussez. Mais elle est là. Vivante.
Quelque chose s’est fissuré en vous.
Un sentiment de sécurité que vous aviez depuis toujours. L’idée que vos parents seraient toujours là. Que vous aviez le temps. Qu’il ne pouvait rien vous arriver de grave tant qu’ils étaient vivants.
Cette illusion vient de voler en éclats.
Et vous vous sentez nue. Exposée. Vulnérable.
Le processus qui devrait se dérouler (mais qui ne se déroule pas)
Ce que vous ne savez pas, c’est qu’un deuil, c’est comme une blessure.
Quand vous vous coupez, votre corps cicatrise tout seul. Sans que vous décidiez quoi que ce soit. C’est automatique. Universel. Indispensable.
Le deuil, c’est pareil.
Votre psyché a un processus de réparation. Un film qui doit se dérouler du début à la fin. Des étapes qui doivent se succéder pour que la blessure se referme.
Le psychiatre Christophe Fauré, spécialiste du deuil, a identifié ces étapes. Quatre phases par lesquelles tout le monde passe.
Enfin… tout le monde devrait passer.
Parce que pour beaucoup de gens, le film se fige en cours de route.
Le choc (quand votre cerveau vous anesthésie)
Les premiers jours, vous êtes dans le brouillard.
Vous êtes là mais vous n’êtes pas là. Vous entendez les gens vous parler mais leurs voix semblent lointaines. Vous faites les gestes qu’il faut faire mais c’est comme si quelqu’un d’autre les faisait à votre place.
Vous êtes anesthésiée.
Votre cerveau a coulé une chape de béton entre vous et la douleur. Pour vous protéger. Pour que vous puissiez fonctionner. Survivre.
C’est pour ça que vous arrivez à gérer l’enterrement sans vous effondrer. Que vous pouvez recevoir les condoléances sans hurler. Que vous tenez debout.
Cette phase dure quelques jours. Quelques semaines, parfois.
Puis l’anesthésie commence à se dissiper. Et la douleur arrive.
Sauf si.
Sauf si on vous demande de rester forte. Si vous devez gérer tout le monde. Si vous retournez travailler trop vite.
Alors l’anesthésie reste. Vous restez en mode survie. Et vous passez directement à la phase suivante sans avoir vraiment ressenti le choc.
La fuite et la recherche (quand vous courez devant le tsunami)
Quelques semaines après l’enterrement, vous sentez qu’il y a quelque chose derrière vous.
Un tsunami de souffrance. Énorme. Dévastateur.
Alors vous courez.
Vous vous remplissez d’activités. Vous travaillez plus. Vous sortez plus. Vous faites, faites, faites.
Pour ne pas penser. Pour ne pas sentir. Pour que le tsunami ne vous rattrape pas.
Et en même temps, vous cherchez. Vous avez besoin de toucher quelque chose d’elle.
Vous portez son gilet. Vous dormez avec son oreiller. Vous regardez ses photos en boucle.
Vous appelez son téléphone juste pour entendre sa voix sur le répondeur. Vous gardez son numéro enregistré. Vous ne pouvez pas l’effacer.
Vous avez besoin de maintenir le lien.
Parce qu’elle est partie à l’extérieur, mais le lien intérieur n’existe pas encore. Alors vous vous accrochez à tout ce qui reste. Les objets. Les odeurs. Les traces.
Cette phase dure des mois. Six mois. Huit mois. Dix mois.
Et pendant tout ce temps, votre entourage vous soutient. Ils écoutent. Ils vous laissent parler d’elle. Ils comprennent.
Mais au bout de dix mois, ils en ont marre.
« Tu devrais ranger ses affaires maintenant. Ça fait presque un an. »
« Tu ne peux pas garder son répondeur pour toujours, ce n’est pas sain. »
« Il faut que tu passes à autre chose. »
Alors vous rangez. Vous effacez. Vous faites semblant d’aller mieux.
Mais intérieurement, vous venez de la perdre une deuxième fois.
Les supports extérieurs ont disparu. Et le lien intérieur n’est toujours pas construit.
Vous êtes dans le vide.
La destructuration (quand tout s'effondre)
Un an après. Deux ans après.
Vous pensiez que ça irait mieux avec le temps. On dit toujours « le temps guérit les blessures ».
Mais ça empire.
Vous êtes plus fatiguée. Plus triste. Plus perdue qu’au début.
Vous regardez les photos et vous ne ressentez plus rien. Vous essayez de vous souvenir de sa voix et vous n’y arrivez plus. Vous tentez de vous rappeler son parfum et c’est flou.
Elle s’efface.
Et c’est terrifiant.
Vous avez l’impression de la perdre pour de vrai maintenant. De la trahir. De l’abandonner.
Vous ne savez plus comment faire exister le lien. Vous tendez la main et il n’y a plus personne.
Cette phase a quelque chose de dépressif. Pas une dépression, mais un vécu dépressif que vous ne pouvez pas éviter.
Vous n’avez plus envie de grand-chose.
Vous faites ce qu’il faut faire mais vous ne vivez pas vraiment. Vous fonctionnez.
La vie a perdu son sens.
Et comme ça dure, vous finissez par croire que ce sera toujours comme ça. Que vous ne vous en remettrez jamais.
La reconstruction (quand le lien se transforme enfin)
Si le processus se déroule normalement, cette phase arrive environ deux ans après le décès.
Très lentement, imperceptiblement, quelque chose se met en place.
Vous commencez à la sentir en vous. Pas comme un fantôme. Comme une présence vivante, à l’intérieur.
Plus besoin de ses vêtements pour la sentir proche. Plus besoin de ses photos partout. Parce qu’elle est là.
À une pensée de vous. Disponible quand vous en avez besoin.
Vous pouvez vous autoriser à ne plus penser à elle pendant des jours. Parce que vous savez qu’elle ne disparaît pas. Qu’elle fait partie de vous maintenant.
Le lien s’est transformé. De extérieur, il est devenu intérieur.
Vous pouvez vivre à nouveau.
Ça ne veut pas dire que vous l’oubliez. Ça ne veut pas dire que ça ne fait plus mal. Mais vous pouvez avancer avec cette cicatrice.
Elle sera toujours là. Mais elle ne vous empêche plus de respirer.
Sauf que pour vous, le film s'est arrêté
Vous venez de lire ces quatre phases et peut-être que vous vous dites : « Moi, je ne suis jamais arrivée à la phase 4. »
Vous avez raison.
Votre deuil s’est figé en route. Quelque part entre la phase 2 et la phase 3.
Et depuis, vous êtes bloquée là. Pendant deux ans. Cinq ans. Dix ans. Vingt ans.
Vous pensez que vous avez « fait votre deuil ». Que c’est derrière vous. Que vous êtes passée à autre chose.
Mais votre corps, lui, il sait que ce n’est pas fini.
Et il vous le fait savoir. De plein de façons.
Vous êtes anxieuse tout le temps
Depuis la mort de votre mère ou de votre père, vous êtes en état d’alerte permanent.
Votre cœur s’emballe pour un rien. Vous imaginez toujours le pire. Vous vérifiez compulsivement que vos proches vont bien.
Vous avez peur. Tout le temps. Peur de perdre quelqu’un d’autre. Peur qu’un malheur arrive. Peur que ça recommence.
Cette anxiété vous pourrit la vie. Elle vous épuise. Et vous ne comprenez pas d’où elle vient.
Elle vient du deuil non terminé.
La perte brutale a fissuré votre sentiment de sécurité. Et comme vous n’avez jamais vraiment traversé le processus, cette fissure ne s’est jamais refermée.
Vous restez en mode survie. Hypervigilante. Prête à encaisser le prochain coup.
Vous avez des crises d'angoisse inexpliquées
Elles arrivent de nulle part. Sans déclencheur apparent.
Votre cœur explose. Vous ne pouvez plus respirer. Vous avez l’impression que vous allez mourir.
Vous consultez. On vous dit que c’est du stress. De l’anxiété. On vous prescrit des anxiolytiques.
Ça calme les symptômes. Mais ça revient toujours.
Parce que ce ne sont pas des crises d’angoisse ordinaires.
Ce sont les émotions du deuil que vous n’avez jamais libérées. La terreur que vous avez ressentie quand elle est morte. La panique de la perdre. L’effroi de vous retrouver seule.
Vous avez enfermé tout ça dans une boîte. Vous avez tourné la clé. Mais la boîte est sous pression.
Et parfois, elle explose.
Vous vous sentez vide
Il y a ce creux à l’intérieur de vous. Comme si quelque chose manquait mais vous ne savez pas quoi.
Vous avez une vie correcte. Des amis. Du travail. Peut-être une famille. Mais vous n’êtes pas vraiment là.
Vous fonctionnez. Vous souriez. Vous faites semblant. Mais intérieurement, vous êtes absente.
Ce vide, vous essayez de le combler. Avec du travail. De l’alcool. Des achats compulsifs. N’importe quoi.
Mais rien ne marche. Rien ne remplit ce trou.
Parce que ce trou, c’est l’absence du lien intérieur qui ne s’est jamais créé.
Votre parent est mort. Mais vous n’avez jamais construit sa présence en vous. Alors il y a cet espace béant. Ce manque que rien ne peut combler.
Vous n'arrivez plus à vous attacher
Depuis sa mort, vous gardez tout le monde à distance.
Vous avez des relations, mais vous ne vous investissez jamais vraiment. Vous restez en surface. Vous ne laissez personne entrer.
Dès que quelqu’un se rapproche trop, vous fuyez.
Vous ne comprenez pas pourquoi vous faites ça. Vous voulez de la proximité. Mais dès qu’elle est là, vous paniquez.
Votre inconscient a tiré une conclusion :
Aimer quelqu’un = risquer de le perdre = souffrance insupportable.
Alors il a trouvé la solution : ne plus s’attacher. Se protéger. Garder tout le monde à distance de sécurité.
Vous répétez ce schéma depuis des années. En vous demandant ce qui cloche chez vous.
Ce qui cloche, c’est le deuil qui ne s’est jamais terminé.
Vous êtes bloquée dans votre vie
Depuis sa mort, vous tournez en rond.
Vous n’avancez plus. Ni professionnellement, ni personnellement. Vous êtes coincée. Figée.
Vous faites ce qu’il faut faire. Mais vous ne vivez pas vraiment. Vous survivez.
Les années passent et vous restez au même endroit. Sans comprendre pourquoi vous n’arrivez pas à bouger.
Parce qu’une partie de vous est restée figée au moment de sa mort.
Le deuil bloqué vous maintient dans un état de léthargie. Vous avez perdu l’élan vital. Le désir. L’envie.
Vous êtes en mode pause depuis cinq ans. Dix ans. Vingt ans.
Et personne ne vous a dit que le film pouvait reprendre.
Vous évitez tout ce qui pourrait vous faire ressentir
Vous fuyez les films tristes. Vous évitez les conversations profondes. Vous ne parlez jamais de vos émotions.
Vous avez construit une carapace. Rien ne doit vous atteindre.
Après le deuil, vous avez compris que ressentir = souffrir. Alors vous avez tout coupé.
Mais en coupant la douleur, vous avez coupé la joie aussi. Vous vivez dans une zone grise. Ni triste, ni heureuse. Juste… là.
Cette anesthésie émotionnelle vous protège. Mais elle vous empêche aussi de vivre vraiment.
Terminer ce qui n'a jamais commencé
Vous venez de comprendre quelque chose.
Votre anxiété, vos crises d’angoisse, votre vide, vos blocages : tout ça vient d’un deuil qui ne s’est jamais terminé.
Maintenant, la vraie question : comment on termine ?
Parce que vous ne pouvez pas juste « décider » de finir votre deuil. Vous ne pouvez pas vous forcer à créer ce lien intérieur qui ne s’est jamais construit.
Le deuil n’est pas dans votre tête. Il est dans votre corps. Dans vos tripes. Dans les strates profondes de votre être.
C’est là qu’il faut aller le chercher.
Reprendre le film là où il s'est arrêté
L’hypnose humaniste permet de remettre play après des années de pause.
En état d’hypnose, vous restez pleinement consciente. Vous allez retrouver le moment où le processus s’est figé. Libérer les émotions que vous avez enfermées. Traverser les phases que vous avez sautées.
Et surtout : créer ce lien intérieur qui ne s’est jamais construit.
Concrètement, vous allez pouvoir :
- Revivre le moment de la perte sans l’anesthésie qui vous protégeait
- Libérer la terreur, la colère, le désespoir que vous n’avez jamais exprimés
- Dire les mots que vous n’avez pas pu dire
- Transformer son absence en présence intérieure
- Vous autoriser à vivre sans culpabilité
Les femmes que j’accompagne me disent souvent : « C’est comme si je pouvais enfin pleurer. Comme si quelque chose s’était débloqué. Je peux respirer à nouveau. »
Vous pouvez terminer ce deuil
Votre mère est morte. Ou votre père.
Et une partie de vous est restée figée à ce moment-là. Pendant des années.
Mais il n’est jamais trop tard pour terminer le processus. Pour créer ce lien qui ne s’est jamais construit. Pour transformer cette douleur en cicatrice.
Vous ne l’oublierez jamais. Et vous ne reviendrez jamais « comme avant ».
Mais vous pouvez arrêter de survivre. Et recommencer à vivre.
« Le deuil n’est pas un état, c’est une manière d’être ; on vit avec, on ne s’en débarrasse pas. » — Marie de Hennezel
Si vous portez le deuil de votre mère ou de votre père depuis des années, si vous vous reconnaissez dans ces lignes, je serais heureuse de vous accompagner pour terminer ce processus inachevé.
